STRASBOURG QUARTET
for flute, clarinet, percussion and cello (2014)

The composition of my Strasbourg Quartet was spread out over more than 8 months, during which I decided to move to this magnificent city which inspires me so much. The score is a token of my collaboration with the ensemble HANATSU miroir, begun in 2008 following a performance of my piece Stopping for two vibraphones at the Musica Festival.

This music requires a specific sort of listening. It does away with dramaturgy, narrativity, linearity; instead,  there is a network of heterogenous musical materials, each of which potentially (and fleetingly) occupies the centre of the discourse.

This music functions in a similar way to the poetry of Gertrude Stein : with variations, permutations of a fixed number of gestures, of figures, of sound-objects—according to a principle of differentiation and contrast rather than synthesis. In addition, it is strongly characterized by pulsed rhythms, even though the meter changes constantly.

The formal articulation of the piece in 4 movements with contrasting tempi may bring to mind a classical symphony, in its attempt at evoking, one by one, a panoply of interior states, so that the auditor can experience a vast inner space in a relatively short time. The resemblance stops there, however, since the actual sound of the piece could hardly be more different from classical music.

 

STRASBOURG QUARTET
pour flûte, clarinette, percussion et violoncelle (2014)

Le point de départ de Strasbourg Quartet fut la nature très disparate des instruments faisant partie de la formation : flûte, clarinette, percussion et violoncelle. Véritable défi compositionnel, cet effectif à l’avantage et l’inconvénient d’être hétérogène au possible. Je me suis alors posé la question : comment réconcilier ces instruments si différents, en cherchant un son composite très complêxe ?

 La partition témoigne en outre de ma fascination pour les musiques pulsées, et pousse cette réflexion sur la métrique encore plus loin que certaines autres partitions récentes, telles que Midnight Audition (2014) ou encore A propos du concert de la semaine dernière, pour piano et petit ensemble (2013-15). Dans Strasbourg Quartet, des formules rythmiques très courtes, simples et directes sont soumises sans cesse à des micro-variations, aussi bien au niveau du timbre qu’à celui du rythme. Il en résulte un musique kaleidoscopique, faite de petits « organismes » sonores qui se regroupent en des constellations plus vastes.

En même temps, la partition adopte volontairement le dessin formel d’une symphonie classique, avec ses quatre mouvements, ses tempi contrastants. Le premier mouvement est peut-etre le plus complêxe, mettant en dialogue un grand nombre d’éléments hétérogènes mais se focalisant essentiellement sur des préoccupations rythmiques. Le deuxième mouvement, très lent, oppose sons graves (timbales, violoncelle, clarinette contrebasse) et aigus (piccolo, carreaux en céramique). Y sont inscrits des sons ciselés, précis, comme gravés dans de la pierre. Le troisième mouvement se joue à un tempo modéré et associe une mélodie plaintive, jouée au violoncelle, avec un accompagnement dépouillé de flûte, clarinette et trois cymbales suspendues. Enfin, le quatrième mouvement soumet une progression harmonique à une série de variations rythmiques et de timbre. C’est dans ce dernier mouvement que l’extrême spécificité de l’écriture instrumentale atteint son apothéose, exigeant un contrôle exceptionnel de nuances, d’attaques et de rhythme aux interprètes.